HIjra a medine!

je reviens vers une nouvelle destination: l'arabie saoudite, terre de predilection de nombre de musulmans à travers le monde. et pourtant ....





sabrina : Présente-toi en quelques mots. Où habitiez-vous en France et où vivez-vous actuellement? Dans quel contexte êtes vous partis?



Je suis Oum Soumeyya, j’ai 32 ans, je suis mariée et j’ai quatre enfants. Nous habitions chez mes parents depuis notre mariage faute d’avoir trouvé un appartement. Nous avions réalisé une omra (notre « voyage de noce ») et mon mari en a profité pour déposer un dossier de candidature a l’Université Islamique de Médine (sans trop d’espoir d’ailleurs). Finalement il a été pris walhamdoulilah . Je l’ai rejoint un an plus tard, le temps d’effectuer toutes les démarches administratives car a l’époque les épouses des étudiants n’avaient pas le droit de rejoindre leurs maris.



sabrina : Depuis combien de temps habitez-vous dans ce pays et pour combien de temps? Est-ce la première fois que vous vivez a l’étranger? Pour quelles raisons (hijra, expatriation professionnelle?)



Oum Soumeyya: Mon mari vit a Médine depuis 6 ans et moi depuis 5 ans. C’est la première fois que nous vivons a l’étranger, et malheureusement pour peu de temps encore, puisque nous sommes ici dans le cadre de ses études. Son cursus se finit dans deux ans in cha ALLAH.



sabrina : Comment se sont déroulés le déménagement et l’installation? Avez-vous dû faire face à des obstacles?



Oum Soumeyya: Le déménagement si on peut l’appeler ainsi fut simple puisque nous n’avons ramené que des vêtements et des choses que nous ne pensions ne pas retrouver comme certains médicaments, le café, (le Nutella et la harissa pour moi) et ces choses spécifiques à la France qui aideraient a couper le cordon plus en douceur.



sabrina : Qu’est-ce que vous trouvez ici que vous ne trouviez pas en France?



Oum Soumeyya: Bien évidemment c’est vivre son Islam paisiblement. Je m’explique: c’est le fait de ne pas être stigmatisée ou mal aimée. de pouvoir sortir voilée seule sans la crainte d’une insulte ou autre. C’est aussi le fait que pour un fille, il est tout a fait naturel de porter le hijab a partir d’un certain âge, chose qui n’est pas évidente en France. La Mosquée du Prophète (Paix et bénédiction sur lui) est la chose qui va le plus me manquer en partant même si je n’en profite pas suffisamment comme je le devrais. Il y a l’eau de Zamzam a volonté ma cha ALLAH et bien sûr la possibilité de faire des omras autant qu’on le désire et à faible coût puisque nous sommes environ a 400 km de Mecca. L’accès au Coran est une chose naturelle ici, il y a un tahfidh dans chaque quartier. Les enfants y apprennent le Coran dès le plus jeune âge. Il y a aussi plusieurs lieu d’enseignement d’arabe, de Coran et de religion pour les femmes ma cha ALLAH. On est est vraiment poussés a apprendre ici ma cha ALLAH. J’apprécie aussi le fait de ne pas être stressée comme je l’étais en France: à partir du moment où l’on est installé il n’y a plus beaucoup de démarches administratives et donc pas de courrier… d’ailleurs il n’y a pas de boîte aux lettres ici ni de facteur! Les gens achètent des boites postales s’ils le désirent. J’ai également découvert ici une vraie fraternité avec les sœurs, une vraie communauté. C’est une chose que je n’avais pas connue en France ou chacun mène plus ou moins sa vie égoïstement… peut-être est-ce le fait que nous nous retrouvons entre Françaises expatriées et que cela renforce les liens? En tout cas je sais que si j’ai le moindre problème, les sœurs de Médine seront toujours là pour aider quelle que soit la difficulté.



sabrina : Y a-t-il quelque chose qui vous agace, vous irrite dans les mentalités, habitudes du pays dans lequel vous vivez?



Oum Soumeyya: C’est un sujet un peu épineux, car lorsqu’on parle de l’Arabie et notamment de la Mecque et Médine on s’imagine le pays des compagnons (qu’ALLAH les agrée), et moi la première, j’ai beaucoup idéalisé le pays. Le système des tribus (qabila) est très présent ici, par exemple les gens ne se marient en général qu’entre membres de la même qabila, donc si vous n’etes pas de la même qabila et encore moins du même pays alors ils ne vous donnent pas grande considération. En tant qu’Européen, ou même Maghrébin on ressent le racisme et la dite supériorité Saoudienne, mais ce sont les Africains qui sont le plus dénigrés wallahou moustaane. Je n’aime pas non plus leur façon de traiter les « khadimates », ce sont ces Philippines et Indonésiennes qui travaillent pour les Saoudiennes. Je n’aime pas non plus leur manière de parler et rabaisser les Bengalais qui sont en général des gens venus travailler quelques années en Arabie et qui font les tâches les plus ingrates, puisque vous ne verrez jamais un Saoudien faire le ménage, ou être éboueur. Enfin ce pays est très dépendant des Etats-Unis économiquement. Tout est fait sur le modèle américain que ce soit l’enseignement, les routes, les fast food, les produits alimentaires made in USA… pour moi je trouve dommage d’être autant envahi par ce qui n’est pas forcément le meilleur.



sabrina : Comment se passe la scolarisation?



Oum Soumeyya: L’école n’est pas obligatoire avant 6 ans. Les écoles publiques sont réservées aux Saoudiens et il est très difficile d’y rentrer si l’on est étranger. Il y a beaucoup d’écoles privées et les prix varient du simple au double. Mes enfants sont encore au niveau maternelle. Il me semble que toutes les maternelles sont des écoles privées. J’ai fini par déscolariser mes enfants car l’école la plus abordable pour notre budget était trop loin, et la pédagogie ne me plaisait pas du tout.



sabrina : Quelle( langue( parle(nt) vos enfants? Se sont ils habitués facilement à leur nouveau cadre de vie? Qu’est ce qui a été le plus difficile ou au contraire le plus facile pour eux?



Oum Soumeyya: Mes enfants parlent français et la plus grande comprend le Saoudien mais le parle très peu vu qu’elle n’est pas restée longtemps a l’école (les maitresses dans la majorité des écoles parlent le saoudien et non l’arabe littéraire). Le plus difficile au début est la compréhension de la langue arabe, car à la maison nous ne parlons quasiment que le français, mais ma cha ALLAH les enfants apprennent très vite. Le racisme chez les enfants Saoudiens est presque aussi présent que chez les adultes ce qui rend difficile l’intégration des enfants étrangers dans les écoles saoudiennes.



sabrina : Pourriez-vous nous décrire le système de santé en Arabie Saoudite? Concernant la naissance là-bas, les soins pour les enfants?



Oum Soumeyya: Il y a des hôpitaux publiques gratuits, et des hôpitaux privés payants. Il n’y a pas de sécurité sociale, donc les hôpitaux publiques sont surchargés et la moindre hospitalisation en hôpital privé peut s’avérer très coûteuse. Les médecins sont étrangers, le plus souvent Égyptiens ou Syriens… parfois je me demande s’ils ont vraiment étudié les sciences de la médecine ou la science fiction car il est rare d’avoir un médecin compétent. D’ailleurs il y a eu plusieurs cas de faux médecins avec de faux diplômes. En général lorsque je suis malade, je consulte internet, et par expérience,cela est souvent préférable! Concernant les naissances, beaucoup de sœurs accouchent ici sans aucun problème (pour les douillettes, il n’y a pas de péridurale ). Moi, j’ai fais le choix d’accoucher en France pour plus de sécurité. J’ai malheureusement fait l’expérience d’un accouchement prématuré en Arabie qui s’est très mal passé avec des gens sans compétence ni aucune sensibilité… Concernant les soins pour les enfants il suffit de trouver un bon pédiatre et il y a ce qu’il faut. Pour celles qui ont des enfants sujets aux bronchiolites, il n’y a pas de kinésithérapie respiratoire. Il n’y a malheureusement pas de médecins homéopathes. Il faut aller soi même chez l’herboriste pour se soigner naturellement.



sabrina : L’intégration est-elle aisée dans ce pays? Comment les Français sont-ils perçus?



Oum Soumeyya: Je crois avoir répondu en partie auparavant. Je pense qu’on ne peut pas parler d’intégration dans ce pays. Les Saoudiens nous côtoient mais ne se mêlent que très peu à nous. Il y a bien entendu des exceptions, mais elles sont rares. On peut dire que c’est une intégration communautaire. Ici, les gens aiment beaucoup les convertis et en sont admiratifs. Il y en a de toutes les nationalités a l’université ma cha ALLAH. Par contre la France n’est pas bien vue depuis la loi anti hijab, et maintenant anti niquab.



sabrina : La vie est-elle chère?



Oum Soumeyya: Je trouve les loyers chers. Il faut compter environ 2500 euros par an pour un F3. L’alimentation a pas mal augmenté ces dernières années. Bien sûr, ce ne sont pas les prix de la France, mais cela reste assez élevé par rapport a l’Egypte ou la Syrie par exemple.



sabrina : Côté alimentation, qu’est-ce que vous appréciez le plus? Avez vous fait des découvertes culinaires? Qu’est ce qui vous manque par contre?



Oum Soumeyya: L’alimentation n’est vraiment pas le point fort de l’Arabie. Les variations se font autour du riz: Riz/poulet, Riz/viande et riz/poisson. Je n’apprécie pas trop le pain d’ici… la baguette, les pains complets me manquent, certains fruits et légumes ne se trouvent pas ou sinon a des prix exorbitants. La majorité des produits sont importés et donc pas de très bonne qualité. Il suffit d’apprendre à s’adapter et cuisiner avec les produits locaux. J’ai été aussi étonnée de voir que les Saoudiens consomment énormément a l’extérieur (restaurants, riz a emporter, shawarma). Les femmes cuisinent peu ou pas a moins d’avoir une khadima. J’ai aussi du mal a supporter toutes les chips et dérivés que les enfants ingurgitent a longueur de journée. Les produits bios sont très peu présents et restent très chers.



sabrina : Concernant le climat ?



Oum Soumeyya: Il fait très chaud environ d’Avril a Octobre avec un pic en juillet et aout ou l’on atteint facilement 50 degrés. Durant cette période, les climatiseurs sont allumés jour et nuit, puis le temps se radoucit de Novembre a Mars, car il fait très bon ma cha ALLAH et on peut enfin sortir en journée avec les enfants. Je vous laisse imaginer la difficulté d’expliquer les saisons aux enfants quand c’est toute l’année l’été ou le printemps!



sabrina : A quelle fréquence «rentrez»-vous en France? Avez-vous prévu de revenir y vivre définitivement un jour?



Oum Soumeyya: Nous rentrons chaque été… Je ne peux pas passer plus d’un an sans voir ma famille. Notre retour définitif est prévu d’ici 2 ans incha ALLAH. Il y a un vrai travail de da’wa a faire en France, et il est temps que ce rôle soit tenu par des français diplômés maitrisant la langue française et connaissant le contexte de ce pays, plutôt que par des gens souvent non francophones, ramenés de l’étranger car ils savent réciter le Coran par cœur sans autre formation….. Wallahou A3lam

salam alaykum je suis d'accord avec la soeur.